L’homme se tient à la porte
L’homme se tient à la porte

L’homme se tient à la porte

And I said to the man who stood at the gate of the year:
“Give me a light that I may tread safely into the unknown.”
And he replied:
“Go out into the darkness and put your hand into the Hand of God.
That shall be to you better than light and safer than a known way.”

Et je dis à l’homme qui se tenait à la porte de l’année :
“Donne-moi une lumière afin que je puisse marcher en sécurité vers l’inconnu.”
Et il répondit :
“Sors dans les ténèbres et mets ta main dans la main de Dieu.
Ce sera pour toi mieux que la lumière et plus sûr qu’un chemin connu”.

Ces quelques lignes font partie d’un poème plus long écrit en 1908 par la poète anglaise Minnie Louise Haskins (1875 – 1957). Ces lignes sont devenues célèbres en 1939 lorsque le roi George VI les lu lors de sa retransmission radio de Noël après le début de la Seconde Guerre mondiale.

2021 se présente à nous, offerte comme un écho temporel à ce rythme poétique. 2021, la plongée dans un avenir inconnu. Inconnu ? Comme tous les “nouvel an” ! Rien de bien nouveau, à nous avancer sur les premières marches d’une nouvelle année. Et cependant ces premiers pas dans l’inconnu sont pour beaucoup cette année bien différents.

Regardant par-dessus nos épaules, nous voyons encore les soubresauts de 2020 tenter de nous rattraper. Nous jetons un œil furtif, et voici que nos folies hasardeuses, nos liesses avortées, nos avides déceptions, jettent leurs bras tentaculaires pour nous faire reculer.

Et donc. Nous faisons le premier pas. Premier pas vers cet inconnu des nouvelles années qui se succèdent, toutes identiques dans leur dissemblances. L’Homme se tient à la porte de tous les Ans, médiateur de l’espérance. D’une année à l’autre il tend sa main au passé et à l’avenir, lui notre éternel Présent.

L’Homme se tient à la porte de l’année 2021. Passée la porte, qui grince sous nos main gantées, ce sont les ténèbres. Ce n’est pas l’obscurité du mal dans laquelle nous avançons, seulement celle de l’inconnu. Mais après cette année 2020, l’inconnu nous apparaît bien nu : ce sera une année semi-confinée, finement reliée à l’espoir d’un vaccin, tout du moins d’un quelque “mieux.”

L’Homme éternel se tient à la porte de l’année 2021 et nous offre sa main : “Viens, petit enfant, dans l’inconnu, mes pas sont sûrs, et mon fardeau est léger.” Il prend notre main tremblante dans la sienne, l’Histoire dans l’autre, et il fait le premier pas.

27 Décembre 1939:  Minnie Louise Haskins (1875 - 1957). Tutrice à la London School of Economics, elle a également écrit le poème "The Gate of the Year", qui a été lu par le roi George VI dans son retransmission radio de Noël 1939 après le début de la Seconde Guerre mondiale. (Photo par Keystone/Getty Images)

“God Knows” par Minnie Louise Haskins

And I said to the man who stood at the gate of the year:
“Give me a light that I may tread safely into the unknown.”
And he replied:
“Go out into the darkness and put your hand into the Hand of God.
That shall be to you better than light and safer than a known way.”

So I went forth, and finding the Hand of God, trod gladly into the night.
And He led me towards the hills and the breaking of day in the lone East.

So heart be still:
What need our little life
Our human life to know,
If God hath comprehension?
In all the dizzy strife
Of things both high and low,
God hideth His intention.

God knows. His will
Is best. The stretch of years
Which wind ahead, so dim
To our imperfect vision,
Are clear to God. Our fears
Are premature; In Him,
All time hath full provision.

Then rest: until
God moves to lift the veil
From our impatient eyes,
When, as the sweeter features
Of Life’s stern face we hail,
Fair beyond all surmise
God’s thought around His creatures
Our mind shall fill.[3]

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