Fin du monde … Action ! (1/3)
Fin du monde … Action ! (1/3)

Fin du monde … Action ! (1/3)

Action ! Déchaînements climatiques, anéantissement nucléaire, météorite destructrice, contamination virale, expérimentations humaines, ou encore désastre technologique. Choisissez et choisissez vite, car la fin du monde est proche ! Le cinéma apocalyptique et post-apocalyptique (CAPA, pour faire plus simple) fait désormais partie de l’horizon culturel de notre société. Le genre lui-même s’est développé jusqu’à être un objet de marketing, un argument de vente. Parfois même le seul label « film apocalyptique » suffit à faire exploser le nombre d’entrées de l’un ce ces films.

1. Nature du CAPA

Alors que le film catastrophe de par on sensationnalisme e confine à brosser un tableau le plus Le post-apocalyptique, ou « science fiction » post apocalyptique, est un genre qui dépeint la vie après une catastrophe ayant détruit la civilisation et qui met donc premièrement en scène non pas la catastrophe elle-même mais la survie, attitude, nature de l’humanité face la destruction imminente ou accomplie. En cela le post-apocalyptique est très différent du « film catastrophe », bien que la distinction entre les deux soit parfois difficile à établir. Le jour d’après ou 2012 sont-ils des films apocalyptiques ou de purs fils catastrophes ? Analyser le CAPA pour en tirer des caractéristiques précises permettant de l’identifier est une entreprise qui se révèle fascinante sans pour autant permettre d’établir une grille de lecture rigide. Cependant quelques caractéristiques sont discernables :

1) Le fatalisme accompagne le plus souvent le genre apocalyptique. Fatalisme concernant la valeur de la nature humaine, de la vie humaine parfois même. Pessimisme quant à la pérennité de la structure sociale ou de la capacité de l’Homme a être gérant responsable de son environnement. Fatalisme donc apocalypse.

2) Le fatalisme occidental est assoupli au profit d’un optimisme quant à la capacité de l’Homme à surseoir à l’Apocalypse. Même si la fin du monde, ou du moins une grande partie de ses effets destructeurs, est souvent inévitable (la destruction, même partielle, de l’humanité est souvent radicale), son esthétique cinématique met le plus souvent en avant l’espoir placé en le dépassement de la destruction ultime du monde : l’ingénuité des hommes, leur capacité de survie et leur héroïsme, la force d’esprit d’un seul homme, mais bien plus, l’avancée scientifique … voilà le salut. Un bon exemple de ce dernier point est cette tirade de Armageddon:

« La Bible annonce ce jour sous le nom d’Armageddon, la fin de toute vie. Pourtant, pour la première fois dans l’histoire de notre planète une des espèces possède la technologie qui peut lui permettre d’éviter sa propre extinction. À vous tous qui priez avec nous, je veux dire que tout ce qui est humainement possible pour prévenir cette catastrophe est actuellement tenté. Notre soif de perfection et de connaissance. Toutes les avancées dans le domaine scientifique, nos audacieuses incursions dans l’espace, les progrès de la technologie, au service de l’imagination et jusqu’au conflit qui ont marqué notre histoire, nous ont armés pour livrer cette terrible bataille. Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C’est notre courage. »

La cinématique apocalyptique dépend le plus souvent d’une figure messianique qui contre toute attente parvient (a) soit à sauver l’humanité elle-même par son ingéniosité ou son héroïsme, (b) soit à redonner espoir à un reste survivant d’humanité, à quelques individus isolés ou une communauté. L’annihilation elle-même n’est pas toujours évitée, mais l’espoir demeure.

3) La plupart des des films « post apo », nous le dirons, même s’ils utilisent une symbolique parfois chrétienne n’en restent pas moins séculier dans leur approche du catastrophisme apocalyptique. Cette version séculière de l’apocalypse retire l’élément divin de l’apocalypse tout en conservant la symbolique religieuse.

4) Nombre de films « post apo » font tangentiellement référence à la manière dont les religions ont trivialisé l’idée même d’apocalypse et ont ainsi contribué à la venue de ce jour « grand et redoutable ». Cette banalisation de l’apocalypse joue en faveur de la dimension messiano-scientifique du « post apocalyptique » : la religion a du cpaituler en face de l’apocalypse à venir ; seule reste un mince espoir souvent scientifique. L’opposition religieuse binaire Dieu-homme disparaît au profit d’une autre dialectique : une « chose » vs. l’humanité.

5) A la lumière de la capitulation de la religion face aux prophéties apocalyptiques, c’est bel et bien ce genre culturel cinématographique, mais aussi littéraire et musical (cf. par exemple Godspeed, You Black Emperor! ou Explosions in the Sky) qui est le vecteur de la conscience apocalyptique d’une société postmoderne qui avance sans but vers un avenir incertain. Cette conscience prophétique est d’autant plus importante lorsque le « post apocalyptique » se double d’une vraie réflexion sur la nature et devenir de l’Humain. (1)

Le genre apocalyptique se situe donc à la croisée des chemins : à la fin d’une ère et au commencement d’un désert, d’un monde sans nom vers un non sans monde, le « post apo » est un « combat de certitude » (2) et de survie. On parle aussi parfois un sous-genre du « post apo », le « survivalisme », décrivant la capacité de l’humanité à survivre à un hiver nucléaire (cf. la série TV Jéricho). Mais tous ces genres avec leur riche diversité sont tout aussi souvent fascinés par la manière dont, après l’annihilation programmée, la société humaine parvient à se reconstruire (cf. The Postman). Le « post apo » chercher alors à comprendre ce qui fait d’une société une communauté ou même, une communion. Quelle est la force qui rassemble des individus isolés ? Sur quoi se fonde l’espoir lorsqu’on vient d’échapper à la destruction totale ? Comment restaurer les relations et la confiance dans un monde radicalement déstructuré ? Alors que la description de l’apocalypse servait à décrire la solitude et l’abandon de l’humain par lui-même, la reconstruction post-apocalyptique témoigne de la nature même de l’humanité, ce qui, au fond de nous mêmes, nous permet de rester humains, envers et contre tout. 

2. Un choix d’apocalypses … 

Et bien sûr il ne vous reste plus qu’à choisir votre mode apocalyptique préféré …  ! Après visionage d’un certain nombre de ces films, plusieurs catégories de CAPA apparaissent :

 Invasions, mutations (zombies, vampires, etc.)

Daybreakers, Dawn of the DeadThe Walking Dead (série TV). Bien qu’incontournable dans le CAPA, il ne sera pas question de ce genre de films dans la suite de ces articles.

  Apocalypse nucléaire

Le livre d’Eli, AkiraDay the World Ended, Le Dernier Survivant, The Postman, etc. Pour des raisons évidentes, le désastre nucléaire est la première cause d’apocalypse dans le cinéma.

Guerre non nucléaire, biochimique, etc. 

Terminator (série), l’anime (ou série manga) AppleseedLe Dernier Homme. L’animation Coréenne Wonderful Days pourrait aussi être classée dans cette catégorie … bien que le scénario soit bâti autour de la pollution devenue source d’énergie (et donc nécessaire).

Catastrophe écologique ou destruction “naturelle”

2012, Le jour d’après, Waterworld, The Core, Sunshine, Phénomènes, mais aussi d’autres scénarios comme le règne d’insectes sur une terre dévastée par les guerres des grandes civilisations. C’est le point de départ de l’anime Nausicaä par exemple. Difficilement classable est la destruction de la civilisation humaine par les dragons du Le Règne de feu.

Catastrophe sanitaire (virus, expérimentations, dégénérescences, etc.)

28 Jours plus tardJe suis une légende, ou encore Le jour des morts-vivants. Parfois cette destruction virale / sanitaire est la conséquence des guerres chimiques, comme dans l’adaptation de The Things to come de H.G. Wells (guerre au gaz, comme dans la 1e Guerre Mondiale).

Apocalypse sociale, politique

Mad Max (série), Soylent Green, le récent La Route, et dans un certain sens Battle for the Planet of the Apes. Il est parfois difficile de séparer cette “cause” apocalyptique” qui est souvent tout autant une conséquence de l’annihilation anticipée que sa cause directe.

Invasions d’aliens, apocalypse extra-terrestre  

The Day the earth stood still, l’anime Neon Genesis Evangelion (très complexe dans sa construction), BattleshipLa guerre des mondes.

Certains d’entre ces “genres” sont plus à même de donner lieu à une perspective approfondie sur l’humanité, mais dans chacune de ces catégories, des films sont d’une qualité (ou influence) dépassant les autres. Dans un prochain article, je montrerais comment un certain nombre de symboles utilisés régulièrement dans le CAPA nous aident à comprendre ce qui est en fin de compte vraiment en jeu dans ce type culturel.

Dans un deuxième bref article nous nous intéresserons à la symbolique du cinéma post / apocalyptique.

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 Notes :

(1) Conrad Ostwalt, « Armageddon at the Millennial Dawn », The Journal of Religion and Film 4/1 (April 2000), en ligne http://www.unomaha.edu/jrf/armagedd.htm

(2) Derek Daschke, « Take Shelter, », The Journal of Religion and Film 1/16 (April 2012), en ligne http://digitalcommons.unomaha.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1000&context=jrf