De la poésie à Noël
De la poésie à Noël

De la poésie à Noël

Le texte ci-dessous est la préface de mon recueil de poèmes pour la période allant de l’Avent à l’Épiphanie : Au cœur d’une voûte enflammée, sortie aujourd’hui … disponible sur Amazon !

David, de Plumes chrétiennes, a généreusement préparé une version ebook disponible en formats epub ou mobi.

Ce recueil rassemble quatre-vingt-un poèmes écrits pour ce temps à la grâce si palpable qui s’étend de l’Avent jusqu’à l’Épiphanie. Ces quelques pages sont une offrande personnelle à une esthétique spirituelle qui a marqué l’histoire chrétienne depuis qu’un enfant a poussé son premier cri dans la Judée du premier siècle. Cette naissance a renversé le monde, infusant au cœur des ténèbres un éclat d’éternité qui a saisi le monde et continue de la transformer.

C’est cette intrusion de grâce qui continue de résonner et de rallier notre espérance. Elle façonne notre foi, mêle au familier la présence du royaume qui s’est approché. Le temps de l’Avent dirige nos yeux et nos cœurs vers la venue en chair de l’éternité.

Pour vous accompagner dans les semaines menant à Noël, c’est un livre de méditations sur le cœur vivant de la foi qu’est l’incarnation de Christ, que vous pourriez en ce moment avoir entre les mains. Théologien, j’aurai pu m’installer devant mon ordinateur pour présenter l’un de ces ouvrages qui édifient notre foi. Ma contribution est toute autre : moins théologique (quoique), plus esthétique (j’espère), et certainement plus poétique – bien que cette contribution, qui n’est pour moi qu’une première expression, soit nécessairement très modeste.

Théologiens et poètes se sont souvent croisés. Parmi les grands théologiens, plusieurs ont également été poètes : saint Anselme, dont les prières ont une profonde intensité poétique, mais aussi Théodore de Bèze, sans oublier Agrippa d’Aubigné, Guillaume du Bartas et les nombreux pasteurs réformés du 16e siècle. Nous ne pouvons qu’être frappés de la place de la création poétique dans le premier siècle de la réforme protestante, comme si pouvoir parler de Dieu, c’était parler de lui avec les mots les plus beaux en signe d’adoration.

Plus proche de nous, le théologien réformé néerlandais Geerhardus Vos a publié un recueil de poèmes peu connu (Charis), tout comme le grand vétéro-testamentaire Walter Brueggemann (Awed to Heaven). Jacques Ellul, ce théologien inclassable, a lui aussi été poète, produisant une œuvre intime longtemps restée privée. De nos jours, le pasteur Jean Alexandre a largement contribué au déploiement théologique de la poésie en publiant plusieurs volumes de poèmes.

Les muses de la poésie ont inspiré des rimes qui résonnent encore dans l’histoire. Elles éveillèrent des poètes à la théologie : George Herbert et Gerard Manley Hopkins viennent immédiatement à l’esprit, mais je continue aussi d’entendre le pasteur Marc-François Gonin qui écrivait que « tout poème est une célébration et celui qui l’écoute participe à une liturgie »1.

Il y a enfin de nombreux poètes qui, bien que n’ayant jamais été formellement des théologiens, ont contribué à la méditation spirituelle de nombreuses générations de témoins. Clément Marot, en versifiant les Psaumes, a donné à la piété protestante une beauté vivifiante ; Madeleine L’Engle, ou Charles Péguy nous exhortent à écouter avec nos yeux, et adorer le divin Artiste. Les exemples ne manquent pas, la magnificence de la poésie non plus.

Quelques-uns, quelques rares élus, ont été les deux, incarnant l’excellence de la théologie et de la poésie. Ce n’est pas mon cas, bien que le désir poétique puisse habiter mon quotidien.

Le fruit nourri par la beauté – recherchée et, qui sait, occasionnellement trouvé – des mots se trouve entre vos mains. Ce recueil est divisé en plusieurs parties. La première nous ramène à un temps de silence préparatoire dans lequel se mêlent doutes, espérances, et déceptions. Elle fait écho à ce « silence prophétique » qui s’ouvre à la fin du ministère des prophètes de l’Ancien Testament, et aboutit à la naissance d’un enfant en Judée.

Au milieu de ce silence, le temps de l’Avent rythme les jours précédant le soir de Noël. Nous attendons, languissant dans cette longue nuit sur laquelle Dieu promet de faire fulgurer son salut. Alors que l’Avent peut durer entre vingt-deux et vingt-huit jours, dans ce recueil, c’est vingt-quatre poèmes que je propose pour ponctuer cette période. Il suffira de commencer la lecture poétique au 1er décembre !

L’hymne ancien Veni veni Emmanuel sert ensuite de transition entre la période de l’Avent et le jour de Noël, comme si l’étoile du matin, la première à illuminer la nuit de Noël, venait suspendre la poésie de Noël. Ce point d’arrêt nous permet de confesser : Viens, Emmanuel ! Accueillant dans la foi le Christ que Dieu donne, nous entrons avec émerveillement dans la journée de Noël. Nous rencontrons ses témoins, et nous vivons avec eux cette première journée du Fils de Dieu – première journée du reste de l’éternité.

Le premier jour de l’histoire humaine, accueillant le Fils de Dieu, s’ouvre sur les douze jours de Noël. Pas à pas, jour après jour, à l’Épiphanie, la visitation des mages au cours des deux années suivant la naissance de Christ. Cette visite, aussi surprenante que mémorable, vient clore ce parcours poétique. Avec le départ de ces mystérieux témoins, nous revenons dans le cycle quotidien de nos journées. Ce recueil se termine, les pages se referment, du moins pour un temps, que ce soit une année, ou quelques jours. Car rien ne dit que Noël ne doive vivre en nous que quelques jours par an, au contraire. Tous les jours, la surprise divine de Dieu-avec-nous doit nous habiter. Célébrer Noël n’est pas restreint à cette période liturgique.

Si ce recueil de poèmes n’est pas un livre de méditation ou de dévotion personnelle, il peut cependant servir à accompagner la méditation et la prière quotidienne dans la période qui va de l’Avent à l’Épiphanie. L’imagination, cœur vivant de la poésie, prend ainsi sa place au sein de cette confession de la merveilleuse personne de Christ.

Mon premier livre sur Noël se trouve donc être une collection de poèmes, une méditation créative en réponse à ce que confessent des chrétiens de toutes traditions : Je crois en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie.

L’imagination, elle aussi illuminée par la foi, vient adorer le rédempteur. L’amour de Dieu embrasa la voute lactée. Au cœur d’une voûte enflammée, Dieu vint.

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Note

1 Marc-François Gonin, « Matériaux pour un mictam », in Coeurs Soleil, Paris, Points & Contrepoints, 1969, p. 7 note 1.

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