Je ne fais pas souvent de recommandations aussi directes que celle-ci, surtout s’il est question d’un collègue que je connaisse. Peut-être suis-je trop prudent : il est toujours redoutable de recommander des livres de personnes que nous connaissons trop bien, ou avec qui nous sommes appelés à travailler. L’angle mort est trop facilement présent, et même lorsque nous le voyons, nous sommes tentés de ne faire aucun cas de lui. Et comme avec tous les angles morts, la plupart du temps… ça passe. Sauf cette rare fois, cette seule fois… Bref, vous voyez le truc.
Cela explique aussi pourquoi ce petit article vient presque six mois après la publication, par BLF, du commentaire de Dominique Angers sur la lettre de Paul aux Éphésiens. Pour tout dire, je dois aussi indiquer que j’ai reçu une copie gratuite de ce commentaire (et j’en remercie BLF) que j’avais recommandé lors de la parution.
Puisque nous sommes dans la transparence, je dois aussi dire Dominique a longtemps donné des cours de Nouveau Testament à la Faculté Jean Calvin… jusqu’à cet automne en fait. J’ai eu l’occasion régulière de croiser Dominique à la faculté, mais aussi à d’autres occasions avant qu’il ne parte à la FTE-Acadia où il est désormais doyen. Tout ça pour dire que je ne suis peut-être pas tout à fait impartial en recommandant ce commentaire… !
Je ne vais pas faire ici une “recension” en bonne et due forme. Cela tuerait un peu toute l’idée de ce petit post qui est de simplement vous donner envie de le lire. Avec une recension, je serais obligé de passer en revue toutes les petits points sur lesquels je pourrais chipoter : la position baptiste de Dominique, avec laquelle j’ai quelques différences (!), l’accent parfois trop fort sur la distinction entre destinataires d’origine juive ou païenne… mais tout cela, et le reste, pâlit en comparaison des forces de ce commentaire. C’est cela que je veux mettre en lumière.
Dans ma recommandation initiale, j’avais écrit ceci :
Ce commentaire sur la lettre aux Éphésiens n’est pas un simple commentaire de plus. Dominique Angers nous entraîne avec lui dans une exploration riche et claire de cette lettre de Paul. Ce n’est pas seulement le langage que le lecteur trouvera engageant, mais aussi son approche pastorale. Le lecteur trouvera un commentaire dont la simplicité de lecture dévoile la profondeur de l’exposition biblique. Dominique Angers parle en laissant d’abord parler la Bible : redécouvrez cette lettre aux Éphésiens !
C’est ce que j’avais écrit. Et c’est toujours ce que je dirai… mais avec plus de conviction encore. Lorsque j’ai reçu ma copie, généreusement envoyée par BLF, j’ai décidé de faire quelque chose d’assez inhabituel avec un commentaire : je l’ai utilisé pour mon temps de dévotion matinal.
On pense rarement qu’un commentaire puisse être au service de l’approfondissement de notre piété personnelle. Après tout, un commentaire c’est un discours technique, de spécialiste, écrit pour des spécialistes, ou du moins pour des chrétiens avec une formation initiale en théologie. Un commentaire, c’est pour les pasteurs, les prédicateurs, les professeurs de théologie… mais certainement pas pour tout le monde. Un commentaire, c’est pour la préparation d’une étude biblique, pour éclaircir un point biblique compliqué… mais certainement pas pour un temps personnel de dévotion.
J’ai voulu faire le test. Pourquoi ? Tout simplement parce que je me doutais que le commentaire de Dominique pouvait (ou même… serait ?) différent.
Résultat ? Je n’ai pas été déçu. Bien sûr, l’introduction ne se prêt pas l’utilisation dévotionnelle. Ce n’est que lorsque le commentaire biblique commence, avec le premier verset, qu’il est vraiment possible de bénéficier de cet accompagnement biblique et spirituel.
Qu’est-ce donc qui fait la différence dans ce commentaire ?
Tout d’abord, c’est le soucis profondément pastoral de Dominique qui transpire à chaque chapitre. Ce qu’il désire que vous découvriez, c’est que le sens de cette lettre de Paul ne reste pas lettre morte. Plus que de simples affirmations théologiques, les exhortations de Paul ont un objectif pastoral, qui est d’encourager les croyants. C’est ce que nous retrouvons dans l’exposition de Dominique.
J’ai toujours apprécié la nature pastorale de l’approche que Dominique avait du Nouveau Testament. D’ailleurs, vous l’avez peut-être vu, ou plutôt entendu, dans son podcast Parle-moi maintenant, sur lequel est basé son commentaire.
Cette nature pastorale est le principal atout de ce commentaire. S’il n’est pas le seul à écrire un commentaire avec cet objectif, Dominique allie la noblesse de la vulgarisation herméneutique à un profond et sincère désir de voir chaque croyant grandir dans sa lecture de la Parole et son amour de Jésus-Christ.
Ensuite, avec ce commentaire d’Éphésiens, Dominique nous présente quelque chose d’assez unique. La plupart des commentaires, même ceux qui se veulent destinés à un public plus large, discutent souvent trop longtemps des “options” possible de lecture ou de compréhension. Cela n’est bien sûr pas totalement absent de ce commentaire, mais Dominique fait aussi le choix assuré d’assumer ses interprétations. Dominique vous indiquera régulièrement, surtout dans l’introduction, quelle est son approche générale de la lettre, et il assumera pleinement ses points de départ. C’est cela qui lui permet de maintenir un équilibre entre discussions des diverses lectures, lorsque cela s’impose, et simplicité d’exposition (un équilibre rare à trouver). Lorsque plusieurs options sont également possibles, vous le saurez… et Dominique vous dira pourquoi il a choisit l’une des options.
Cependant, jamais vous ne serez perdu dans une longue discussion, technique et inaccessible à ceux qui n’ont pas au moins une Licence en théologie. Vous découvrirez même au contraire la richesse de la Parole de Dieu. En effet, la complexité du texte, qui fait que plusieurs lectures sont possibles, provient de la richesse et de la surprenante profondeur du texte révélé de Dieu… qui nous encourage ainsi à ne jamais cesser d’être émerveillé par ce don de la Parole !
Enfin, Dominique ne sacrifie pas le sérieux de l’interprétation biblique afin de privilégier la coloration dévotionnelle de son commentaire. Il n’oublie jamais sa priorité – montrer que dans l’Écriture, Dieu parle encore maintenant – mais cela ne compromet pas le sérieux avec lequel il approche cette tâche merveilleuse : expliquer la Parole vivante du Dieu qui demeure présent par son Esprit.
Voilà pourquoi nous devons retenir ce commentaire : explication suivie, dévotionnelle d’une Parole qui dépasse nos paroles et leur donne un sens. Il nourrit notre adoration en nous dirigeant constamment vers celui qui est Parole de vie.