Des comparaisons économiques, ou :  comparer et se mettre en valeur
Des comparaisons économiques, ou : comparer et se mettre en valeur

Des comparaisons économiques, ou : comparer et se mettre en valeur

Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, était hier l’invitée de Jean-Jacques Bourdin sur RMC1. Les sujets abordés sentaient bien sûr la campagne présidentielle. Tous les membres du gouvernement, tels des éclaireurs, semblent envoyés pour tâter le terrain et préparer les grandes offensives des six prochains mois.

Malgré ce jeu présidentiel, les questions restaient essentiellement centrées sur une actualité des plus sensibles : la situation financière de la France. Comparant avec l’Allemagne les statistiques du PIB, de la dette, etc., Bourdin se vit systématiquement rappelé par la ministre aux chiffres comparant la situation française du 26 aout 2011 avec celle ante crise économique. Et l’heure venue s’ajouta bien sûr le sempiternel refrain de l’opposition droite / gauche, comme si tout en France devait être expliqué par cette polarisation politique paralysante.

La discussion s’engagea essentiellement sur l’expression choc de la ministre : il est plus facile de dépenser des millions que d’économiser des millions. Propositions d’économies ?

Pour ne pas augmenter la CSG (contribution sociale généralisée) et pour financer, tout en économisant (!), la lutte contre l’obésité, il est proposé de taxer les canettes comme le Coca, etc. L’histoire ne dit pas que ces mesures ne serviront qu’à masquer les problèmes plus sérieux de la santé française, ainsi qu’à donner bonne conscience à une société matérialiste bien peu concernée par l’obésité.

Pour subventionner les dépenses future sur l’énergie renouvelable, il est proposé de taxer les routiers qui conduisent sur les réseaux non autoroutier. Le résultat ? Toutes les entreprises augmenteront leurs tarifs. Ceux qui financeront ces projets en fin de compte : c’est vous, c’est moi : ce sont tous ceux qui sont clients de ces entreprises qui vous livrent ou qui empruntent le réseau national ou départemental ! Au jour où il est aussi question d’encourager le monde entrepreneurial, une telle initiative peut sembler contestable …

Belles mesures qui pourraient être complétées par la disparition des doublons au sein de la fonction publique. L’existence des mêmes postes à des niveaux variés du territoire : région, département, intercommunalité, communes affecte très certainement le budget national, entraînant une perte significative dans les finances de l’état.

Mais le symptôme le plus alarmant de la régression sociale et financière est certainement la comparaison systématique par la ministre de la situation française avec la situation d’autres pays Européen. Mais quels pays !, souligne un Bourdin pas dupe de la manœuvre tentée par la ministre : l’Allemagne, la Grande Bretagne ? Non : la Grève, l’Irlande, L’Espagne et l’Italie. Et Bourdin de conclure qu’il y a un an tout juste la France se comparait avec l’Allemagne ou la Grande Bretagne … alors que nos standards de qualité sont maintenant de se rester au-dessus de la Grèce et de l’Espagne ! Pour tous ceux qui désirent une économie forte ; pour tous ceux qui comparent sans arrêt la « grande » France à ses concurrents éternels, la comparaison est dramatique !

Cela en dit long sur la condition de la France. Car, les pays comme les personnes, ne devenons-nous pas comme ceux à qui nous nous comparons ? Et ne nous comparons-nous pas à ceux vers qui nous tendons—inconsciemment ou non ? Ce principe qui fait quasiment partie du fonctionnement de la nature humaine est souligné de manière répétée dans la Bible. Par exemple, le fameux « là où se trouve ton trésor, là sera ton coeur » peut facilement trouver une incarnation dans ces comparaisons que nous établissons sans arrêt entre nous et ce collègue de travail à qui tout réussi ou à cette mère de famille aux enfants impossibles. Nous désirons ce qui n’est pas notre et ce qui est à nous ne suffit jamais : voilà l’essence de la volonté humaine.

Mais voilà : nous ne savons pas qui nous sommes. La grande certitude de notre société c’est que nous ne sommes personne et tout le monde : perdus dans la masse nous devenons le pâle reflet de quiconque nous croisons dans la rue ; et c’est ainsi que les médias nous inondent de « modèles » à qui nous devrions essayer de ressembler ! Des modèles inatteignables, des rôles inaccessibles. Et en fin de compte : nous ne sommes que les fantômes d’images télévisées et lorsque nous marchons dans les rues, dans les centres commerciaux, nous ne pouvons être comparés qu’aux affiches que nous regardons.

Nous nous comparons à ce que nous deviendrons. C’est pour cela que Paul nous engage à nous examiner nous-mêmes :

« Mettez-vous vous-mêmes à l’épreuve, pour voir si vous êtes dans la foi ; examinez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous ? A moins, peut-être, que l’examen ne soit un échec en ce qui vous concerne. » (2 Corinthiens 13.5)

Mais si nous regardons en nous-mêmes, cet examen ne sera pas inutile car nous découvrirons que nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes mais à Christ. Regardant à la Parole de Dieu, nous relirons : « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éphésiens 4.5). Et lorsque nous marcherons au milieu des appels publicitaires nous comparant à la dernière stars, aux idéaux matériels que nous avons tous, au sex-appeal déodorisant et à tous les modèles sur-sexués … face à ces affiches impersonnelles nous pouvons rappeler cette parole forte :

« Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréé et parfait. » (Romains 12.1-2)

A cette parole s’ajoute la grâce de Christ qui ne condamne pas mais appelle à répondre à cette compassion de Dieu qui veut nous comparer à son Fils et veut nous unir à Christ. Il n’y a pour Dieu qu’une comparaison : que nous soyons comparables à Christ et que nous puissions atteindre, par l’Esprit qui agit en nous, la pleine stature de Christ (Éphésiens 4.12). Quant à l’inquiétude par rapport à la situation française, elle est plus que légitime ; mais l’espérance de la foi est certaine.

 

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Notes :

1 Emission téléchargeable sur le site de RMC http://www.rmc.fr/podcast/podcast.php?id=30