Que faire du Père Noël ? Un héraut de la grâce
Que faire du Père Noël ? Un héraut de la grâce

Que faire du Père Noël ? Un héraut de la grâce

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Tous les ans, il est question du Père Noël. Normal, c’est Noël !

Et tous les ans, il est question de Christ. Normal, Noël, c’est Christ !

Et bien sur tous les Noël viennent avec une cohorte d’articles sur le Père Noël ou sur la crèche. Qu’en faire, comment être « biblique », que dire aux enfants ? Généralement, je ne m’intéresse pas beaucoup à de tels articles, car ils répètent souvent les mêmes choses. Cette année pourtant, il en va autrement. Le Père Noël a besoin d’un peu de soutien. Il est bien seul, accusé de tous les maux, comme par exemple dans cet article « Que faire avec le père Noël ? ». [1] L’auteur propose quatre raisons de ne pas laisser les enfants « croire au Père Noel ». Explications.

Le père Noël : héraut de la grâce

Raison 1 : Le père Noël encourage le salut par les œuvres

J’avoue que cette raison est probablement la plus surprenante que j’ai lue ces dernières années. Elle a au moins le mérite d’être originale. Mais elle n’a pas plus de sens que les autres raisons évoquées pour faire taire le Père Noël. Laissez-moi d’abord dire que l’auteur marque un point : dans notre société, le Père Noël est un monstre de succès. C’est l’archétype même du héraut de notre économie de marché, le barde d’un monde moralisateur, un prêtre de la religion des œuvres – aussi appelée « société de consommation ». Il encourage les parents à renouveler vos achats chaque année en voilant l’obsolescence programmée de vos cadeaux sous un argumentaire rabâché annuellement. Il sous entend que les bons parents sont des « donneurs de cadeaux ». Il encourage les enfants à chercher à se faire pardonner sans réellement changer, à leur demander de mériter ce qu’ils reçoivent. Oui, probablement le Père Noël que notre société nous présente dans les halls de supermarchés et sur les sites internet de toutes nos grandes marques est le dieu d’une religion des œuvres.

Et malgré cela, ce n’est pas une raison suffisante pour bâillonner le Père Noël. Car le Père Noël n’est le « dieu des oeuvres » que si nous abandonnons son identité à notre société. Mais pourquoi accepter cette identité qui lui est donnée ? Pourquoi ne pas transformer cette identité ? C’est ce qu’a fait C.S. Lewis dans L’armoire magique. Le Père Noël est devenu l’annonciateur du retour d’Aslan ; celui qui proclame la fin de l’hiver éternel et la venue attendue de Noël. Mais toujours, le Père Noël ne parle pas de lui mais dirige vers le retour inévitable du fils de l’Empereur-d’au-delà-des-mers. Le Père Noël peut, si nous le voulons, être héraut de la grâce.

Le Père Noël n’encourage le salut par les œuvres qui nous l’acceptons. Mais rien ne nous y oblige. Rien ne nous contraint à accepter que le Père Noël est prêtre des œuvres. Mais encore faut-il le vouloir. « Croire au Père Noël » n’est pas un problème éthique ou théologique : c’est un problème pédagogique.

Père Noël, qui es-tu ?

Raison 2 : Le père Noël brouille les lignes entre la réalité et l’imaginaire

L’auteur de l’article souligne bien que refuser que ses enfants croient en le Père Noël n’est pas synonyme avec renier l’importance de l’imagination. De la même manière, les laisser “croire au Père Noel” ne conduit pas nécessairement a un effacement de la distinction réalité / imaginaire. C’est d’ailleurs assez étrange de voir l’auteur de l’article dire cela puisqu’elle même dit : « Quand j’étais enfant, je croyais au père Noël. Mon mari aussi. Cela ne nous a pas traumatisés. » Pas traumatises ? Donc certainement cela n’a pas brouille la différence entre réel et imaginaire. Un tel effacement aurait probablement été un peu plus traumatisant, non ? Alors le fait qu’ils n’aient pas été traumatisés ne signifie pas que « croire au Père Noël » est sans importance et qu’il ne faut pas réfléchir à la signification à donner à ce fameux Père Noël. Seulement, « croire au Père Noël » ne signifie pas que les enfants soient totalement et constamment naïfs.

Quant à demander :

« Si mon mari et moi mêlons le père Noël à ces histoires vraies, que penseront-ils plus tard quand ils découvriront que le père Noël n’existe pas. Que penseront-ils de l’arche de Noé ? des dix plaies d’Égypte ? de ce Jésus qui ressemble à un magicien religieux ? »

… j’avoue que ce n’est pas la faute du Père Noël si nous sommes incapables d’expliquer aux enfants la différence entre ce symbole de Noël et l’existence historique du fils de Dieu. Si la raison invoquée pour bâillonner le Père Noël est que nous avons peur que les enfants arrêtent par la suite de croire en Christ, alors nous avons raté quelque chose, parce que nous agissons par crainte.

Le père Noël, ce bouc émissaire

Raison 3 : Le père Noël est une sorte de dieu

Là, j’avoue ne plus suivre du tout. Le Père Noël, même dans la tradition populaire, n’est pas omniprésent. Il est simplement mystérieusement capable de livrer des cadeaux de part le monde en une nuit. Mystérieux, pas omniprésent. De même, il n’est pas omnipotent. L’homme du Nord a toute l’année, avec son armée de petits lutins, pour préparer sa nuit de Noël. Il n’est pas omnipotent, il est simplement bien organisé. Il est omniscient ? Non, le Père Noel ne sait pas tout : il sait seulement qui a été sage ou pas. Et cela encore, c’est dans la tradition populaire. Personnellement je considère que la seule chose que le Père Noël sait avec certitude, c’est qu’il distribue des cadeaux a des enfants qui ne les méritent pas. Le Père Noël sait ce qu’est la grâce. Enfin, il n’est ni parfait, ni éternel. Si le Père Noël continue d’exister année après année, c’est peut-être tout simplement qu’il est à l’image du « redoutable pirate Roberts. »

Enfin, il y a cette phrase :

« Quand je décris Dieu à mes enfants, je ne veux pas qu’ils pensent : « Ah oui, c’est un peu comme le père Noël. » Dieu ne ressemble à personne. »

Nous tombons là dans le tragique. Je vais essayer de dire cela de la manière la moins offensive qu’il soit : si nous n’arrivons pas aa décrire Dieu d’une maniéré qui soit suffisamment unique et biblique pour que les enfants ne le confondent pas avec le Père Noël, c’est que notre description de Dieu est hautement problématique ! E je pèse mes mots. Si, en parlant de Dieu, les enfants disent : « C’est un peu comme le Père Noel », ce n’est pas la faute de ce dernier ! C’est que j’ai présenté un ersatz de Dieu biblique. Peut-être faut-il arrêter de faire du Père Noël le bouc émissaire de nos propres manquements.

Choisir un Père Noël

Raison 4 : C’est difficile de rivaliser avec le père Noël

Oui. Et donc… ?

C’est difficile pour des parents de promettre tout et m’importe quoi simplement parce cela n’engage à rien. C’est pour cela que nous ne sommes ni le Père Noël, ni des politiciens ! Lorsque nous promettons quelque chose, nous sommes tenus par cette parole. Le Père Noël de notre société n’est pas tenu par sa parole. Il n’est pas lié par sa promesse. Mais le Père Noël que nous imaginons ? Celui que nous désirons pour notre société ? Est-il tenu par sa promesse d’annoncer Christ ? Là aussi il nous appartient de donner la réponse que nous choisissons. Enfin, non, le Père Noël n’a pas aa être au centre de toute les conversations. S’il l’est, ce n’est, encore une fois, pas sa faute. C’est parce que nous-mêmes lui donnons cette place. Laissons-lui avoir la place qui lui revient, et transformons sa présence en une proclamation de la vraie et glorieuse signification de Noël.

La sanctification de Noël

Noël arrive et, une fois encore, le Père Noël est accusé de tous les maux. Alors pour une fois, laissez-le tranquille, il en a bien besoin. Toujours en train d’être récupéré politiquement ou financièrement, ou cloue au pilori de la perfection théologique, le Père Noël aimerait bien avoir un peu de soutien de la part de ceux qui ont reçu le plus grand cadeaux à Noël. Pour une fois, au moins une fois, il pourrait être, il aurait aimé être, lui aussi une image, certes bien imparfaite, de celui qui donne dans exiger en retour, de celui dont la grâce n’a d’égal que la bonté.

Alors que faire avec le père Noël ? C’est vrai qu’en période de fêtes, il est partout. Oui, nous devons expliquer qui il est. Mais son identité ne doit pas nécessairement être celle dont il est affuble par notre société. Nous devons transformer son identité, lui redonner son mystère et sa grâce, en refaire un héraut de la « religion de Christ », un porte-parole mythopoéique de Christ dans une société post-chrétienne. Oui, ceci est bien plus difficile que de le bâillonner ou de l’accepter sans effort.

Alors, laissons le Père Noël avoir lui aussi la joie de découvrir Christ et de recevoir sa vraie vocation, sa vraie identité. Laissons le Père Noël vivre le Noël de Christ. Et il passera un très bon Noël.

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Notes :

[1] L’article traduit en français a été publié sur le site http://www.gospelmag.fr/