Inutile de dire que le printemps est assez agité. La réforme des retraites n’y est pas pour rien. L’utilisation de l’article 49-3 n’a fait qu’alimenter un débat que tout le monde voyait venir. Tout le monde était prévenu… y compris le mur dans lequel la société française se dirige. Bref, nous vivons une époque imprévue !
J’ai vu passer plein de choses sur ce débat, le pire, le mieux, l’utile et le … bref, vous voyez ce que je veux dire. De toute façon, je ne veux pas parler de la réforme des retraites (par contre je conseille cet article du blog Pep’s café). C’est quelque chose de plus important encore, de tellement, vastement, plus important…
La réforme des retraites me fait penser à notre témoignage chrétien.
Pourquoi ? Parce que certaines réactions m’attristent profondément, et cela n’a absolument rien à voir avec ce que les uns et les autres pensent de ladite réforme. Il ne s’agit pas d’être “pour” ou “contre” le gouvernement. Il s’agit de savoir comment ce que nous disons, comment ce que nous faisons, favorise ou est un obstacle à notre témoignage.
Le 16 mars dernier, Élisabeth Borne prenait la parole à l’Assemblée. Sans surprise, elle a été huée et insultée. Sans surprise… dans la vie politique actuelle. Le lendemain, les réactions de certains chrétiens en ligne : “Vive la démocratie !” ; “On lâchera rien” ; etc.
C’est en lisant cela que j’ai été attristé… Je dis attristé parce que je ne trouve pas de verbe que je puisse décemment utiliser en public. Pour résumer, nous sommes chrétiens et nous nous réjouissons qu’une personne soit insultée, huée… ou même si on le dit plus clairement, humiliée. Oui je sais, beaucoup ne sont pas d’accord avec Borne. OK… pas besoin de l’être pour avoir l’attitude qu’exige notre foi.
St. Paul lui-même, en écrivant à Tite, nous dit quelle devrait être notre attitude publique envers tous :
“Rappelle-leur d’être soumis aux gouvernements et aux autorités, d’obéir, d’être prêts à toute œuvre bonne, de ne médire de personne, d’être paisibles, conciliants, pleins de douceur envers tous les hommes. Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis à toute espèce de désirs et de passions, vivant dans la méchanceté et dans l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres.”
Tite 3.1-3Ne médire de personne, être paisibles, être pleins de douceur… envers tous les hommes.
Question : lorsque nous nous réjouissons que quelqu’un soit insulté, faisons-nous preuve de douceur ? Est-ce que nous sommes des artisans de paix, vivant des fruits de l’Esprit ? Non. Lorsque nous faisons cela, nous démontrons en public qu’il n’y a aucune différence entre les chrétiens et ceux qui ne le sont pas.
Il ne faut pas nous y tromper : nous trouverons toujours des excuses. Certaines seront exégétiques : le texte ne parle pas de tout le monde, mais simplement des chrétiens. Il faut être pleins de douceur avec les autres croyants. D’autres seront morales : quand même, on ne peut pas défendre le gouvernement ! D’autres seront… ceci ou cela. D’autres, d’autres, et encore d’autres. Nous sommes les rois et les reines des excuses. Et ne vous inquiétez pas, je suis très certainement en haut de l’échelle. Je parle donc pour moi aussi. Nous nous justifions toujours, même lorsque le texte biblique nous rappelle à l’ordre.
Forcément, il est toujours plus facile de nourrir notre “vieille nature” que de revêtir constamment le nouvel homme qui est Jésus-Christ (Éphésiens 4.24). Si nous nous vêtons de Christ, ce n’est pas pour le porter une fois de temps en temps, ou seulement quelques jours pendant la semaine. Revêtir le Christ ne doit pas dépendre de nos accords politiques ou positions sur les débats de société. Nous avons revêtu le Christ, ou pas.
Le plus tragique, c’est que cela a un impact direct sur ce que nos contemporains vont penser de celui dont nous portons le nom. Notre attitude veut dire, pour eux, que Jésus ne fait aucune différence dans la vie des chrétiens qui, de fait, deviennent les plus grands hypocrites.
Et peut-être que nous le sommes.
Mais ce n’est pas une fatalité. Sa grâce peut emporter nos excuses pitoyables en un instant. Son Esprit peut transformer notre arrogance et notre orgueil en un clin d’œil. Notre témoignage public ne peut que gagner à cela. Nous ne pouvons que devenir des témoins de plus en plus fidèles si nous demandons au Seigneur qu’il nous transforme à son image. Entendons donc sa parole et laissons-nous modeler par son Esprit. Et moi… moi d’abord, que Dieu me fasse voir tous les moments où je préfère de piètres excuses à une repentance qui mène à une vie de sanctification et de fidélité.
Ne nous réjouissons pas de la violence et des insultes des hommes, afin qu’ils se réjouissent, eux, de la patience, de la compassion, et de la douceur des chrétiens, qui sont à l’image de leur Seigneur.