Chaque année, je donne le cours le plus important qu’un étudiant de Master puisse suivre. Je sais, c’est une affirmation audacieuse. Elle est même plus audacieuse que vous ne le pensez, car ce cours « le plus important » est… la méthodologie !
Oui, j’assume totalement ce que je viens d’écrire. Le cours le plus important qu’un étudiant de Master puisse suivre, ce n’est pas un cours d’herméneutique ni de christologie. Ce n’est même pas un cours de théologie pratique. Bien sûr, une faculté comme celle d’Aix forme en théologie. Bien sûr, les domaines que je viens d’évoquer sont fondamentaux. Vous imaginez un pasteur qui ne sait pas prêcher ? Et un évangéliste qui explique à un musulman que Jésus était un homme adopté par Dieu ? L’apocalypse !
Alors, le cours le plus important ? L’implantation d’Église, surtout au moment où le monde évangélique est en pleine dynamique d’implantation. Il y aurait aussi la gestion de l’autorité dans l’Église et l’intégrité sexuelle… ce ne serait pas accessoire ! Comment partager la foi aux agnostiques autour de nous, voilà un cours essentiel pour ceux qui se forment à la théologie. Alors, le cours le plus important ? Tout… mais la méthodologie, vraiment ?
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Soyons clairs. Par « méthodologie », j’entends des choses comme celles-ci : comment organiser son temps, comment aménager son espace d’étude, comment lire de manière responsable et sérieuse. La méthodologie, c’est aussi apprendre à savoir quoi lire et quels ouvrages laisser de côté : c’est être responsable de son temps, un temps qui, en finalité, est un don quotidien de Dieu.
La méthodologie, c’est aussi travailler sur le don divin de la parole : comment argumenter correctement et donc être compris. Tous les êtres humains sont porteurs de parole, et ceux qui sont appelés à partager la Parole de Dieu le sont encore plus. La méthodologie va donc être encore plus vitale ! C’est un apprentissage à être les dépositaires humbles, non seulement de la Parole de Dieu, mais de ce don merveilleux qu’est la parole verbale. La méthodologie, c’est aussi présenter son opinion de manière juste et convaincante tout en évaluant les autres opinions de manière généreuse et humble. C’est le cœur de ce cours de méthodologie.
Pourquoi ce cours est-il le plus important ? Tout simplement parce qu’il aura un impact sur toutes les autres dimensions de la vie de mes étudiants. En organisant mieux leurs études, ils seront encore meilleurs serviteurs et responsables de leur famille, de leur Église, de leur profession. Si vous ne savez pas comment étudier correctement, vous risquez de prendre plus de temps que nécessaire pour une tâche donnée. Ce temps est une grâce qui aurait pu être consacré à la famille, à l’Église ou à un repos bien nécessaire. S’ils ne savent pas comment étudier correctement, ils passeront d’innombrables nuits à lire et à lire… au lieu de se reposer. Si les étudiants savent travailler dans les meilleures conditions, ils passeront tous leurs week-ends à rédiger des articles : cela fonctionnera pendant un certain temps, mais il y aura toujours un point de rupture. L’étude de la théologie ne doit pas mettre leur famille en danger.
Je suis conscient que c’est facile à dire et beaucoup plus difficile à réaliser. La complexité de la pratique, le fait qu’il est très compliqué de mettre en œuvre les recommandations méthodologiques, ne signifie pas que ces dernières sont irréalistes. Cela veut simplement dire que nous avons du mal à aller de l’avant !
Alors… la méthodologie l’emporte sur la christologie ? Savoir comment étudier la théologie serait, pour un étudiant en théologie, plus important que de connaître le Christ ? Eh bien, voyez-vous… Je suis enclin à l’exagération pour faire valoir mon point de vue. Mais vous voyez où je veux en venir : une bonne et saine façon d’étudier nourrira une vie saine. La méthodologie permet donc de mieux étudier, plus efficacement, et d’être plus conscient des conséquences qui nous entourent. C’est l’exercice de la sagesse que Dieu nous donne, selon la mesure de son Esprit !