Dans son livre Art and the Bible, le philosophe et théologien américain Francis Schaeffer fait trois remarques sur la validité de l’art, dont voici un bref résumé.
- D’abord, contrairement à ce qu’on entend parfois, le second des fameux Dix Commandements (1) n’interdit pas l’art en soi, seulement l’adoration de l’art. En fait, Dieu commande même spécifiquement des réalisations artistiques pour la construction et l’activité du Tabernacle et du Temple : architecture, sculpture, musique, poésie, etc. Après tout, le travail est bon en soi, et l’art est une forme de travail (d’où l’expression « oeuvre d’art »).L’art véritable présente un point de vue, un sens, un discours. Il exprime une vision du monde. Pourtant, ce n’est pas ce but didactique qui lui donne sa valeur. L’art a une valeur en soi, en tant qu’art. Par ailleurs, la créativité a de la valeur parce qu’elle reflète le Dieu créateur.
- Ensuite, voici les 4 critères inséparables qu’il propose pour évaluer la qualité de n’importe quel travail d’art :
1. Excellence technique : couleur, forme, peinture, lignes, composition, équilibre, unité, etc.
2. Validité : les raisons pour lesquelles l’artiste a créé. Est-ce une oeuvre qui reflète honnêtement les intérêts et les buts de l’auteur, sa vision du monde, ou bien est-ce une simple copie, ou un produit commercial ? L’oeuvre exprime-t-elle les convictions de l’artiste, ou bien cède-t-elle aux caprices du public ?
3. Vision du monde : tout art sérieux exprime une vision du monde. Elle peut être vraie ou fausse, biblique ou non. Nous pouvons donc évaluer l’art comme n’importe quelle autre vision du monde, c’est-à-dire sur la base de la vision biblique du monde. L’art « chrétien » doit être un art vrai, c’est-à-dire qui corresponde à la réalité telle que la Bible la décrit – même s’il n’utilise pas de mots ou de symboles chrétiens ou bibliques.
4. Adéquation entre fond et forme : le message est-il véhiculé efficacement ?
- Enfin, il n’y a pas selon lui de « style chrétien », ou de « forme d’art chrétien ». La forme, le style, la technique, etc. changeront selon l’époque et l’endroit, comme le langage. Il faut s’y attendre, et ne pas rejeter ce changement. Un artiste chrétien devrait parler un langage contemporain pour communiquer. La seule question qu’il doit se poser, c’est « Est-ce que le langage qu’il utilise exprime correctement le message qu’il veut transmettre ? ». Pour cela, il doit savoir comment son public interprétera la forme qu’il donnera à son message. Les symboles, le vocabulaire, la structure « grammaticale » choisis doivent exprimer la vérité.
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Notes :
(1) « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. » (Ex 20.4, Dt 5.8). (retour au texte1)