C’est la saison. Pas seulement la saison de l’Avent … mais aussi celles des murmures d’étourneaux. Vous avez peut-être déjà vu ce splendide vol de ces oiseaux. La “murmuration”, comme ce phénomène est appelé en anglais, est un rassemblement de plusieurs centaines, ou voir milliers, d’étourneaux parcourant ensemble les voies invisibles tracées pour eux dans le ciel, formant un nuage noir mouvant en complète harmonie dans le soleil couchant … Au soleil levant aussi, mais c’est toujours un peu tôt pour moi !
Il suffit de voir l’un de ces ballets pour s’émerveiller et se demander : comment font-ils. Pas simplement “pourquoi” … mais surtout comment ! Le pourquoi est facile : leur mouvement permet aux membres qui sont à l’extérieur du groupe de glisser vers l’intérieur, en un mouvement constant. Résultat : aucun membre du groupe n’est plus exposé aux prédateurs que les autres. Il y a unité et naturelle protection. Voilà pour le pourquoi. Quant au “comment” … c’est plus compliqué. Les naturalistes et autres scientifiques s’interrogent et les théories abondent, la nature jalouse désirant préserver son secret, et ces oiseaux désireux de ne pas être imités. Tout le monde ne peut pas être unique. Sans GPS ou conduite automatique, sans IA ou Elon Musk, comment font-ils ?
Apparemment, chaque oiseau suit trois règles simples : (1) se déplacer vers le centre, (2) suivre son voisin et (3) ne pas entrer en collision avec ses sept “voisins” les plus proches. Nous connaissons ces règles mais pas tout à fait comment les étourneaux arrivent à vivre ces trois principes. Un “radar” naturel ou un comportement adapté à son environnement immédiat sont les explications les plus probables. À mes yeux se dévoile seulement la beauté de leur ballet quotidien, une mystérieuse esthétique qui tranche le marine du soir.
Mystérieuse esthétique, mais aussi mystérieuse analogie. Car si vous y pensez bien, n’y a-t-il pas dans le vol des étourneaux trois règles de la vie chrétienne ? Les trois règles simples sont facilement applicables :
(1) Toujours se déplacer vers le centre. Le centre, c’est Christ, bien sûr. Il est tout pour nous car nous avons tout en lui (Col 2.10). Le centre, c’est aussi cette vie communautaire qui nous appelle non seulement à “aller et faire des disciples” mais aussi à être nourris et restaurés par notre communion. Nous nous encourageons, et nous exhortons les uns les autres. Lorsque les uns sont faibles, ils sont au bénéfice de ceux qui sont plus forts : ils sont entourés de leurs soutiens et de leurs prières.
(2) Suivre son voisin. L’unité du Corps de Christ est essentiel à la vocation chrétienne. Suivre Christ, c’est aussi se suivre les uns les autres car nous sommes un peuple de sacrificateurs (Ap 1.5). Nous sommes “prêtres” les uns des autres, nous représentons Christ les uns pour les autres, au point où Paul nous encouragera avec ces mots forts : “Imitez-moi, comme moi j’imite le Christ.” (1 Co 11.1)
(3) Pas de collision avec vos voisins. Ou si je le dis de manière plus positive : faites attention à vos voisins. Portez une attention particulière aux frères et sœurs dans la foi. Comme le Seigneur le disait déjà à, et de, ses disciples : “Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.” (Jean 13.34) L’apôtre Paul exhortera régulièrement les croyants à l’amour fraternel. Comment pratiquer cet amour fraternel afin de ne pas nous rentrer dedans et ainsi mettre en péril toute la communauté ? Gardons les yeux fixés sur Christ et sur le peuple pour lequel il fut élevé sur la croix. Il eut compassion, il a souffert notre souffrance. Ainsi, écrit Paul : “Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent; pleurez avec ceux qui pleurent. Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres.” (Rm 12.15) Et encore : Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi.” (Gal 6.10)
Ces trois règles nous aideront à vivre une communauté toujours plus forte, toujours animée d’un mouvement nous protégeant les uns les autres. Le quotidien de la vie chrétienne sera modelé par le soin que nous nous portons les uns aux autres. La vie chrétienne, individuelle et communautaire se dévoilera ainsi comme un vol harmonieux et splendide, devenant un argument esthétique en faveur de l’existence du Dieu de Jésus-Christ et de la réalité de cette foi qui, par le ministère de l’Esprit, transforme nos vies.