Dieu, la beauté, et l’harmonie chez J. S. Bach
Dieu, la beauté, et l’harmonie chez J. S. Bach

Dieu, la beauté, et l’harmonie chez J. S. Bach

– par C. Cachard

Je ne sais pas ce qu’il est est pour vous, mais la musique de Bach me transporte, et je suis toujours émerveillé et subjugué lorsque j’ai la chance de pouvoir écouter un orchestre jouer une cantate (ou une oeuvre plus longue) de ce célèbre compositeur. Et expérimenter de telles émotions m’a toujours intrigué.

Écrire ce court article était ainsi l’occasion pour moi de réfléchir au croisement des notions autour de la Musique-la Beauté-Dieu, et de mieux comprendre ce qui me rend si sensible à l’oeuvre de J.S Bach. Au fil de mes recherches, je suis très reconnaissant d’avoir découvert une très belle thèse rédigée par N.M Jones en 2020 à l’université de Duke, intitulée « Bach and the beauty of Christ : A study in theological aesthetics ». Ce fut une lecture passionnante et éclairante pour moi, qui a répondu à nombres de mes questions, et qui a été une grande source d’inspiration dans la rédaction de mon propre devoir.

En tant que chrétien, il est parfois difficile de bien cerner quels sont les contours du concept de beauté. Les chrétiens de confession catholique ont souvent tendance à parler du « beau » avec une certaine liberté, en en faisant un outil apologétique pour amener à Dieu. Mais j’ai parfois l’impression qu’on ne sait pas bien que faire du beau en tant que protestant évangélique du XXIe siècle. Par exemple, il est significatif de voir que nombre d’évangéliques sont assez gênés, ou surpris, lorsqu’on aborde la question de l’esthétique propre à leur lieu de culte. Une salle rudimentaire aux murs blancs et froid : ne serait-ce pas là le lieu plus propice pour la rencontre avec Dieu ? Je force le trait, mais il est vrai que les questions d’ordre esthétique sont souvent reléguées au second plan dans les réflexions autour des questions cultuelles dans le milieu chrétien francophone.

Qu’en est-il vraiment ? Comment harmoniser la notion du beau avec l’idée de Dieu ? Le beau est-il un chemin vers Dieu, ou un piège voué à nous faire tomber dans la plus basse idolâtrie ? Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons dans un premier temps à la question du beau, de manière générale. Nous spécifierons ensuite notre étude en nous intéressant à l’usage du beau comme outil apologétique chez J.S Bach [1].

I – Dieu, le monde, et la beauté


A – Dieu est beau… et sa création ?

Un bref survol biblique nous permet de voir qu’avant toute chose, Dieu est beau. Au jour de « l’homme fort et puissant » (Es 28.2), celui à qui appartient « la gloire et la majesté » (1 Chroniques 29 11), sera lui-même « une couronne majestueuse et une parure magnifique pour le reste de son peuple », nous révèle le prophète Esaïe (Es 28.4). Et il a aussi agi dans le passé en donnant à son peuple de quoi le rendre beau : et cela au point que les autres peuples aux alentours s’entretenaient au sujet de sa beauté (Ez 16.13-14). Ainsi, Dieu est donc beau, et il peut transmettre ces attributs de beauté en rendant beau celui qui en est le bénéficiaire. Ici son peuple. Mais une question se pose alors : la beauté est-elle un concept intrinsèquement lié à Dieu et à sa gloire ? Ou réside t-elle plutôt de manière objective et autonome en des choses de ce monde ?

B- La création est belle… parce que Dieu en a créé les fondements, qu’il agit en elle, et que l’Evangile est beau

Une première chose qu’il nous faut dire, est que ce monde est le monde de Dieu. Chaque sphère lui appartient, et il n’y a donc pas de domaines qui évolueraient en dehors de son contrôle. Ou pour reprendre les mots d’Abraham Kuyper, « Il n’y a pas un centimètre carré de quelque domaine de notre existence humaine à propos duquel le Christ, qui est le souverain de tout, ne puisse dire : « c’est à moi ». [2] Et ce constat aussi est valable pour les principes qui régissent ce monde. De Pythagore à Aristote, les philosophes antiques reconnaissaient une beauté conférée par l’ordre et l’harmonie mathématique [3]. Il semble évident que des choses sont belles par elles-mêmes, du fait des principes créés par Dieu [4]. En fait, nombre d’auteurs et théologiens vont plus loin en s’appuyant seulement sur les lois et principes créés par Dieu. Pour eux, la beauté est liée à l’existence de manière plus ou moins proche d’une relation personnelle à Dieu.

Claus Westermann, cité dans l’article « Aesthetics in the OT : beauty in context » de W.A Dyrness affirme par exemple que : « La beauté est entièrement un phénomène entre personnes et non la qualité d’un objet. La bonté et la beauté de la création, affirme-t-il, ne consistent qu’en une relation et une réponse au créateur ». [5] Pour cet auteur, la beauté est un concept doit se comprendre relation avec Dieu… et en finalité à travers la compréhension du plan de salut. Dieu est celui qui vient restaurer l’harmonie brisée. Et lorsque Dieu agit pour son peuple, il vient restaurer une partie de la brisure du monde, en lui redonnant un peu de sa beauté perdue. C’est une recréation, une rédemption, une restauration de ce qui n’était pas. Si ce monde est beau, c’est aussi parce que le message qui en est le centre (le message de l’Evangile centré sur Jésus-Christ) est beau. Et c’est dans la relation à Christ que l’homme peut retrouver un sens de cette beauté originelle. C’est en tout cas la conviction qui animait le premier des réformateurs, Martin Luther. Dans son travail sur l’esthétique luthérienne, N.J Jones affirme en commentant la pensée du réformateur : « La beauté, en revanche, vient de l’assistance gracieuse de Dieu à toute la création en Jésus-Christ, et les êtres humains sont réellement « beaux » lorsqu’ils confessent leurs péchés, reçoivent sa grâce, et la partagent avec d’autres ». [6]

Et à l’inverse: « La vraie laideur, selon Luther, c’est que les êtres humains pensent qu’ils sont si intrinsèquement « beaux » qu’ils n’ont besoin de rien de la part de Dieu » [7]. Pour Luther, la vraie beauté vient d’une juste compréhension de l’Evangile, et de la place de l’homme dans cette histoire. La vraie beauté est donc d’être humble, pour reconnaitre que tout vient de Dieu, et d’être participant de cette vocation d’être témoin de Jésus.

C- L’Evangile est beau … mais certaines parties en sont sombres !

Alors oui cet Evangile est beau, parce que c’est une bonne nouvelle, qui nous parle du rachat des hommes pécheurs par un sauveur glorieux, qui vient restaurer la relation brisée entre Dieu et les hommes. Mais certains éléments constitutifs du méta-récit évangélique sont sombres. On parle de trahison, de coeurs enclins au mal, et en finalité de mise à mort. Comprendre l’Evangile invite le croyant à s’approprier différentes émotions, allant de la joie profonde de son salut à la compréhension douloureuse de ce qu’il en a coûté au Dieu de l’univers pour racheter les croyants. L’Evangile nous fait donc contempler simultanément une extrême beauté, et une extrême laideur.

II – La beauté de la musique »


A – La musique, au service du méta-récit de l’Evangile… une entreprise non sans risque

Mais une question se pose alors pour nous : l’art, est en particulier la musique, peuvent-ils être des agents au service de la compréhension du message de l’Evangile ? Ou pour le dire autrement, l’art (accompagné de ces bras droits que sont la beauté et la laideur) peut-il être un outil apologétique pour propager l’Evangile ? C’était la conviction de J.S Bach, qui était profondément imprégné de la théologie luthérienne, et c’est ce qui a guidé sa création musicale comme nous allons le voir. Il est intéressant de noter que nombre de théologiens de l’histoire de l’Eglise étaient réticent (ou tout du moins mesuré) quant à une trop grande importance donnée à la musique dans le culte. Augustin, par exemple (et en cela suivi par plusieurs théologiens dont Thomas D’Aquin), acceptait l’usage du chant dans l’assemblée [8], mais mettait en garde quant à un usage de la musique qui détournerait l’attention des paroles et du sens profond de l’Evangile. Comme il l’affirme dans les confessions : « Mais pourtant, lorsqu’il m’arrive d’être moins touché du verset que du chant, c’est un péché, je l’avoue, qui mérite pénitence : je voudrais alors ne pas entendre chanter » [9]. Et cela eu une influence très forte et de longue durée sur la pensée de l’Eglise, comme le démontre une bulle papale de 1323 qui interdisait la polyphonie. En fait, le risque évident qui venait en tête de tous ces grands théologiens était celui de l’idolâtrie. D’en venir à préférer le « don [la musique] au donateur [Dieu] » [10]. Et pour toute personne ayant une sensibilité musicale, ce risque me semble des plus réels ! C’était aussi la conviction de Martin Luther.

Tout en élévant la musique a un haut niveau d’importance, peut-être un niveau jamais atteint auparavant [11], il pouvait aussi mettre en garde sur les risques liés à l’usage de la musique, en dehors de toute dimension de foi en Dieu : « Si maintenant (comme le dit Paul) un incroyant entrait au milieu de ces hommes et les entendait braire, marmonner et mugir, et voyait qu’ils ne prêchaient ni ne priaient, mais qu’au contraire, selon leur habitude, ils sonnaient seulement comme ces grands orgues … cet incroyant ne serait-il pas parfaitement justifié de demander : “Êtes-vous devenus fous ? » [12]. Et pour Luther, cette critique valait plus largement pour tout domaine en lien avec le beau et la création artistique : « Ils ont les plus beaux offices, des cathédrales magnifiques et des cloîtres splendides […] mais la prédication et l’enseignement qui s’y déroulent sont un blasphème et, pour la plupart, ne servent pas Dieu mais le diable » [13].

Contrairement à certaines idées reçues, il est clair que Luther avait un fort gout pour l’esthétique musical, tout en étant conscient des risques induits par l’usage du beau. L’homme a tendance à fixer son attention sur ce qui est extérieur et secondaire (la dimension esthétique), au détriment de ce qui est central (la prédication de la Parole de Dieu qui vient parler à l’âme). « Tout ce qui vient pas de la foi est péché » (Rom 14.23) : C’est ce qu’on appelle de l’idolâtrie, et c’est ce à quoi Luther vient mettre en garde.

B – Le beau et le laid, au coeur du débat Scheibe/Birnbaum

Ce risque ayant été expliqué et circonscris, intéressons-nous maintenant à l’usage qui peut être fait de la beauté dans le domaine musical, en nous intéressant à la personne de J.S Bach. Mieux que personne, Bach avait compris le méta-récit de l’Evangile. Sa dimension à la fois lumineuse et sombre, et il avait à coeur de transmettre cela à ses auditeurs…

En bon apologète, Bach cherchait à faire sa musique un support pour l’évangile,… même si sa manière de faire n’a pas toujours été comprise ! Et pour mieux comprendre cela, il est utile de s’intéresser au passionnant débat ayant eu cours du vivant du Cantor entre deux spécialistes de théorie musicale : Scheibe et Birnbaum. Pour résumer et simplifier le débat, Scheibe reprochait particulièrement à Bach un style trop chargé, et critiquait l’usage de dissonance dans sa musique [14]. Quelle beauté y-a-t-il dans l’usage des dissonances ? Comment s’émerveiller devant un compositeur utilisant sciemment l’usage de la dissonance ?

Birnbaum s’est ainsi levé pour défendre le Cantor, en montrant que l’usage de la dissonance permettait d’exprimer de manière musicale la réalité du monde, en n’omettant pas sa dimension déchue. Le monde est brisé, cassé [15], et c’est ce que la dissonance vient nous rappeler. Elle vient rappeler cette dimension déchue de l’homme de la création, en la retranscrivant musicalement.

C – La concentration christologique : le beau et le laid, au coeur du récit de la passion


Mais de manière encore plus spécifique, la dissonance vient nous parler de la plus grande brisure et « déformation » que ce monde ait connu : celle de la mort de Dieu en croix. Il nous faut bien voir que la piété luthérienne est centrée sur le Christ, qui est vu comme le point focal de l’univers. De manière suprême, le beau est donc le Christ (et l’Evangile), et le laid est de le rejeter, ce qui créé une séparation avec le Dieu créateur. Dans ces oeuvres religieuses, Bach n’a ainsi eu de cesse d’utiliser ces contrastes musicaux pour communiquer des vérités sur l’Evangile. Bach avait pour habitude d’alterner l’usage de consonance et de dissonance dans son oeuvre, pour suivre la trame du théâtre de la crucifixion.

Ses cantates et ses passions en sont un exemple significatif. Lorsqu’il se concentre sur des notions comme la double nature du Christ, il utilise la consonance. Et lorsqu’il fixe son attention sur la crucifixion, il utilise abondamment les dissonances. Et le résultat créé était quelque de beau et d’harmonieux [16]. A travers l’usage de ces contrastes, le but de Bach était clair : faire ressortir la lumière de l’espérance chrétienne. Comme l’explique N.M Jones : « Le compositeur reconnaît l’existence d’un désordre et introduit donc une dissonance, mais il l’introduit également de manière à ce que la résolution harmonique soit possible. De cette manière, la musique peut prendre un poids théologique immense ; elle peut potentiellement rendre audible la rédemption christologique. » [17] En fait, plusieurs exemples pourraient être mis en avant pour illustrer cela, et N.M Jones en donne de nombreux. Afin de rester concis, je n’en donnerai que deux.

En analysant une section de la cantate BWV 57 « Selig ist der mann », il affirme avec justesse : « Cette dissonance de seconde mineure est ensuite utilisée pour transmettre l'”opposition” du péché et […] Bach utilise à plusieurs reprises la seconde mineure sur le mot “mort” afin de transmettre la douleur de la séparation d’avec le Christ. » [18] L’usage musical de la seconde mineure vient créer une dissonance correspond au projet théologique du Cantor : créé un frottement sensible à notre oreille venant nous interroger le caractère dramatique de la mort du Christ, et de notre séparation d’avec lui.

Mais Bach n’utilise pas seulement la musique de manière « négative », puisque dans d’autres cantates, il joue aussi de ces contrastes pour faire ressortir la lumières de l’espérance chrétienne : « Ou considérez encore le contraste tonal frappant dans le cinquième mouvement de BWV 69a, une aria sur le rôle du Christ en tant que rédempteur personnel. Bach utilise une seconde mineure sur le mot “croix” avant d’utiliser une série de notes chromatiques (en particulier le do naturel et le si bémol, tenus plus longtemps que tous les autres dans le mélisme) pour exprimer la douleur de la “souffrance”. La sorte de dissonance obtenue par l’utilisation de ces notes chromatiques permet à Bach de secouer l’auditeur sur le mot “joie”, lorsque le chanteur exulte dans des mélismes purement diatoniques. La dissonance de la souffrance, en d’autres termes, renforce la consonance joyeuse qui suit. » [19]

Conclusion : Le beau et le laid, un outil apologétique pour Bach

Bach a donc fait usage de l’art comme d’un outil apologétique, pour aider à faire comprendre l’Evangile et toute sa beauté. Pour lui, le Christ est beau, et l’usage de la dissonance et la consonance est là nous aider à mieux comprendre la profondeur de son oeuvre. Que nous puissions nous aussi réfléchir, au sein de nos assemblées, aux manières pertinentes de toucher la sensibilité de nos contemporains, pour les rendre sensible à la beauté de l’oeuvre de Christ.



[1] Dans cet article, Bach servira de représentant de la tradition luthérienne.

[2] Bratt, J. D. (1998). Abraham Kuyper : A Centennial Reader (Edition Unstated éd.). Wm. B. Eerdmans-Lightning Source. 488 p.

[3] Comme en témoigne l’importance attribuée dans l’art au nombre d’or, et cela dès l’antiquité.

[4] Même si cette affirmation devrait être minimisée par une juste appréciation des effets de la chute sur notre monde.

[5] Dyrness « Aesthetics in the OT : beauty in context », p. 427. Citation originale : « Beauty is entirely a happening between persons and not a quality of an object. The goodness and beauty of creation, he claims, consist only in relation and response to the creator ».

[6] N. M Jones, Bach and the beauty of Christ : A study in theological aesthetics » p.25, traduction libre.« Beauty, on the other hand, comes through God’s gracious assistance to all of creation in the form of Jesus Christ, and human beings are most beautiful when they confess their sins, receive his grace, and share it with others. »

[7] N. M Jones, Bach and the beauty of Christ : A study in theological aesthetics », p. 25. traduction libre: « True ugliness, according to Luther, is human beings thinking that they are so intrinsically beautiful that they need nothing from God. »

[8] Saint Augustin, « Les confessions », Livre x, Chapitre 33 : « Ainsi je flotte entre le danger de l’agréable et l’expérience de l’utile, et j’incline plutôt, sans porter toutefois une décision irrévocable, au maintien du chant dans l’Eglise, afin que le charme de l’oreille élève aux mouvements de la piété l’esprit trop faible encore. »

[9] Saint Augustin, « Les confessions », Livre x, Chapitre 33.

[10] La bulle « docta sanctorum patrum », de Jean XXII.

[11] Luther pouvait parler du « bonheur innocent » que pouvait provoquer la musique chez ceux qui l’écoute.

[12] Traduction libre de LW 44.324, cité par N.M Jones. p.106. Traduction libre. « If now (as Paul says) some unbeliever were to enter into the midst of these men and heard them braying, mumbling, and bellowing, and saw that they were neither preaching nor praying, but rather, as their custom is, were sounding forth like those pipe organs… would this unbeliever not be perfectly justified in asking, “Have you gone mad?” What else are these monks but the tubes and pipes Paul referred to as giving no distinct note but rather blasting out into the air? »

[13] Traduction libre de LW 53:327, cité par N.M Jones. p.114. Traduction libre. « They have the most beautiful services, gorgeous cathedrals, and splendid cloisters […] but the preaching and teaching that goes on inside is a blasphemy and for the most part serves not God but the devil. »

[14] Soit dit en passant, on voit bien que c’est un débat ancien, l’émergence du Jazz ayant profondément rabattu les cartes.

[15] Birnbaum parlait d’une nature « Ungestalt », qu’on pourrait traduire par « déformée ».

[16] Puisque Bach croyait à un équilibre de la musique, selon les fondements pythagoriciens de la tradition musicale (théorie des nombres et ratios etc.) il faisait toujours en sorte de « retomber sur ses pattes » musicalement parlant (respect de l’harmonie, des ratios), pour respecter la beauté de l’ordre divin présent dans la nature… et créé par le Dieu de l’univers !

[17] N.M Jones, « Bach and the beauty of Christ : A study in theological aesthetics », p.105. Traduction libre. « The composer recognizes that disorder exists, and so introduces dissonance; yet the composer also introduces it in such a way that harmonic resolution is possible. In this way, music can take on immense theological weight; it can potentially make Christological redemption audible. »

[18] N.M Jones, Bach and the beauty of Christ : A study in theological aesthetics », p.37-38. Traduction libre. Citation complète : « This minor-second dissonance is then further utilized to convey the “Anfechtung” of sin and, more importantly, the “Krone des Lebens” that those who remain steadfast (like Christ on the cross wearing the Krone already) will receive […] Bach repeatedly uses the minorsecond on the word “Tod” in order to convey the pain of being separated from Christ. »

[19] N.M Jones, Bach and the beauty of Christ : A study in theological aesthetics », p.38. Traduction libre. « Or consider the striking tonal contrast in the fifth movement of BWV 69a, an aria focused on Christ’s role as personal redeemer. Bach uses a minor-second on the word “Kreuz” before using a series of chromatic notes (especially C-natural and B-flat, held longer than any other in the melisma) to convey the pain of “Leiden.” The sort of dissonance achieved by using these chromatic notes enables Bach to jar the listener on the word “Freude,” when the singer exults in purely diatonic melismas. The dissonance of suffering, in other words, heightens the joyful consonance that follows. »