Il y a quelques jours, dans l’euphorie grandissante d’une nouvelle fin d’année aux allures d’apocalyptique festive fin de siècle, France 2 a proposé à ses téléspectateurs bloqués devant leur TNT après le repas de midi (dont moi-même), attendant l’heure bien méritée de la sieste, une revue des évènements médiatiques marquants de l’année presque écoulée.
Sur des extraits du film maintenant « culte » (expression qui, à propos d’un tel film, devrait faire frémir) Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois, 2010), la rédaction de France 2 passa en revue les grèves à Total, la réforme des retraites, mais aussi la mort et la résurrection de Johnny !
Parodie, me direz-vous, et donc par définition intéressante, voire amusante. Mais au-delà de cette preuve de manque d’imagination dans un monde de copier-coller digital, un question demeure. La facilité avec laquelle nous pouvons être et agir exactement à l’opposé de ce que nous étions quelques temps auparavant ne doit-elle pas plutôt nous inquiéter ?
La parodie de ce film qualifié d’admirable dont les journaux titraient il n’y a pas si longtemps « Les hommes de Dieu qui bouleversent la France », semble avoir remplacé de manière quasi magique l’émotionnel Français qui avait été aussi remarquablement rapide à exalter les croyants (cinématographiques) d’une religion pourtant dénigrée.
Mais une fois encore : quel mal, cela ne porte qu’à un petit sourire amusé. Ou à un cynisme social surdosé : qui de nos jours peut prendre « au pied de la lettre » quoi que ce soit. Tout ce que nous faisons, la moindre parole que nous prononçons cache certainement des motifs secrets, des obscurité dont il vaut mieux présupposer l’existence pour ne pas être pris au piège ou un jour passer pour le naïf du quartier.
Sarcasme et cynisme d’une société portée sur l’apparente bienveillance des plus hypocrites, voilà un sentimentalisme bien fait transformé en pince-sans-rire télévisé. Avec un tel contraste d’attitudes, les chrétiens doivent-ils rire avec ou condamner ? Probablement aucun. Rire avec tout le monde : comment alors remplacer le cynisme ambiant par une confiance et une compassion réellement vécues ? Condamner : comment proclamer face au sarcasme l’intrusion sanctifiante de la grâce ? Lorsqu’un passage des plus émouvants du film, la décision de rester, est transformée en voix-off de Johnny qui « revient », encourageons une écoute plus attentive et silencieuse de ces hommes qui vivent leur foi.